La route de Dien Bien Phu.

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Nous sommes partis fin avril 1988, avec quatre camarades, vers le Vietnam du Nord qui venait d’ouvrir ses frontières au tourisme, pour rendre hommage aux combattants de Dien Bien Phu. Nous souhaitions y être pour l’anniversaire du 7 mai 1988, soit 34 ans après la fin de la ‘bataille des collines’.

Un séjour à Hanoï était indispensable, le temps de faire établir les autorisations administratives nécessaires pour pouvoir entamer le voyage vers la Haute Région. Hanoï en 1988 était une ville calme, peu animée et où seul le bruit des milliers de pédaliers des bicyclettes rompait le silence de rues vides d’automobiles.

Fig. 2 : La rue Paul Bert vue depuis la façade de l’Opéra de Hanoï.

Visite rapide, dans une ville au charme incomparable et bien sûr, le plaisir de retrouver tous ces lieux incontournables de notre Indochine : le pont Doumer, la rue Paul Bert, l’hôtel Métropole, fermé et à l’abandon à cette époque, et la rue de la soie et son vieux tramway ferraillant.

Fig. 3 : le pont Doumer.

Fig. 4 : la rue de la soie et les rails du tramway.

Fig. 5 : L’hôtel Métropole fermé.

Le voyage vers Dien Bien Phu se faisait en deux jours, dans des conditions assez difficiles. La première étape traversait de hauts lieux de l’histoire de la guerre : le col de Kem et ses derniers blockhaus, puis la descente vers la cuvette d’Hoa Binh, pas encore recouverte par la retenue d’eau d’un futur barrage hydro-électrique.

Fig. 6 : Pont détruit par l’aviation américaine.

C’est ensuite la lente remontée dans de beaux décors de montagne, et des traversées de rivières sur des ponts de fortune installés à la place des ponts détruits pendant la guerre américaine. Un peu après avoir traversé le site de l’ancienne base aéroterrestre de Na San, c’est l’arrivée à l’étape bienfaisante de Son La.
La ville est nichée dans une magnifique vallée, une ‘cuvette’ où les rizières en terrasses sont enchâssées dans un écrin de hautes montagnes.

Fig. 7 : La ‘cuvette’ de Son La.

Pas d’hôtels dans cette ville ; seule l’ancienne résidence française, située tout en haut d’une colline à l’entrée de la ville, pouvait héberger les voyageurs.

Fig. 8-9 : L’ancienne résidence française.

Derrière la Résidence, on trouvait l’ancienne maison de correction française, le ‘pénitencier’ dont les bâtiments étaient soigneusement conservés. Le régime politique de cette époque, en rendait obligatoire la visite, suivie d’un exposé sur les crimes de la colonisation française. Les anciennes cellules portaient toutes le nom d’un ancien occupant, et force était de constater qu’ils avaient tous survécu à ‘l’horreur carcérale’ décrite pour devenir plus tard des cadres célèbres des futurs gouvernements communistes.

Fig. 10 – 11 : Le pénitencier.

La deuxième journée de voyage est certainement la plus spectaculaire. C’est d’abord la traversée de la vallée heureuse de Tuan Chau, où s’égrennent les villages et les rizières des Thaïs et où seules les femmes à vestes aux boucles d’argent semblent travailler.

Fig. 12 : Femmes Thaï Dam.

C’est ensuite la longue et périlleuse montée vers le col de Pha Din, le ‘col des Méos’ des Français. 32 km de long, jusqu’à une altitude de 1650 mètres. La route du col est déserte et les villages méos (Hmong) sont déplacés par les autorités.

Fig. 13 – 14 : En haut du col, des familles Hmong qui doivent déménager.

Fig. 15 : Les vues du haut du col des Méos sont magnifiques.

Et puis c’est la redescente vers Tuan Giao et la patte d’oie où la route part vers le Nord et Laï Chau à 97 km. La route du sud elle, part vers Dien Bien Phu, à 80 km de là. C’est la dernière partie de la route, où l’on suit les rivières, le plus souvent à travers une forêt épaisse.

Fig. 16 : La patte d’oie de Tuan Giao.

Fig. 17 : Pont français hors d’usage.

La célèbre RP41 ressemble alors plutôt à une piste. Les ponts français sont détruits et il faut souvent traverser les rivières de montagne sur des radiers.

Fig. 18 : Traversée sur radier.

Fig 19 : La RP 41 et la descente vers DBP.

Mais soudain nous sortons de la forêt, la route s’éclaire : nous sommes arrivés dans la vallée de Dien Bien Phu. Voilà donc la célèbre ‘cuvette’ qui ressemblait d’ailleurs plutôt à une immense plaine, dont la beauté des paysages et des montagnes bleutées au loin, faisait oublier l’horreur des combats de 1954. Un cadre grandiose pour une épopée tragique.

Fig. 20 : Le sud de la vallée de Dien Bien Phu vue d’Isabelle.

François Doré.
Librairie du Siam et des Colonies. Bangkok.

Toutes les photographies sont propriété de l’auteur.

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