Au revoir Monsieur l’Ambassadeur !

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C’est avec sa courtoisie et sa gentillesse habituelles que S.E. M. Gilles Garachon a bien voulu accorder un peu de son temps précieux à notre Délégué Général François Doré. Temps précieux car le retour vers la France est proche, dans à peine une semaine et il faut laisser la maison France en ordre.

– C’était juste pour vous dire au revoir et merci ! Et puis aussi pour vous présenter tous nos vœux pour cette nouvelle vie qui vous attend à Paris :

Gilles Garachon s’anime, l’œil devient brillant, il s’enthousiasme :

« Je vais nommer les ambassadeurs ! ».

« Oui, une nouvelle époque de ma carrière, un retour au siège pour un poste de prestige. En tant que Directeur des Ressources Humaines du Quai, je vais devoir gérer les personnels de notre diplomatie. Oui, je vais donc nommer les ambassadeurs ! Une lourde responsabilité, à un moment où le cahier des charges a été bien défini par notre Président : il va me falloir mettre en place certaines réformes, respecter le souhait de la hiérarchie de faire appel à des contractuels dans notre maison, sans oublier la parité hommes/femmes, inscrite dans la Constitution, et dans une profession où le titre d’ambassadrice n’était pas bien courant. Les défis seront nombreux à l’heure où nos effectifs devront être diminués, mais je sais ce que représente une ambassade à l’étranger pour le renom de notre pays, et je me battrai pour que la France conserve une diplomatie forte et engagée dans le rayonnement de son image dans le monde.

« L’ambassadeur : un chef d’orchestre ! ».

– Peut-on se permettre un petit regard en arrière : alors, ces trois années d’une mission délicate à une époque difficile dans les relations entre la France et la Thaïlande, qu’en gardez-vous ?

« Il m’a fallu en effet remettre un peu d’ordre dans notre maison, et surtout essayer de tout faire pour redonner confiance à nos amis Thaïs. Ils aiment que l’on s’intéresse à eux, qu’on leur parle leur langue, et surtout qu’on les écoute et qu’on les comprenne. Ils ont besoin de reconnaissance et sont flattés de notre intérêt dans le respect de nos deux peuples. J’ai toujours recherché ce dialogue et tenté de faire oublier d’éventuels malentendus.

Je n’ai pourtant pas non plus oublié notre communauté, une population bien attachante, dont le nombre va en grossissant. La Thaïlande est un des pays préférés des Français. J’ai ouvert la maison France le plus que j’ai pu ; nos compatriotes devaient retrouver le chemin de cette superbe résidence, qui après tout leur appartient. Les événements heureux que nous avons pu partager, qu’ils soient économiques ou même sportifs, nous auront permis de ressouder une population dont les intérêts sont bien divers. Et c’est là que l’ambassadeur doit se montrer le chef d’orchestre qui saura rassembler tous ces sons discordants.

« Si j’avais un regret… ».

   « Oui, un regret qui me tient bien à cœur. Trois ans, d’accord, mais que ces trois années ont passé bien vite. Je souhaitais pouvoir aller à la rencontre de tous nos compatriotes, disséminés dans de lointaines provinces. Les rassurer, les assurer qu’ils ne sont pas oubliés. Je sais comme bien souvent leurs seuls contacts avec nous sont à travers des échanges consulaires où ils se heurtent souvent à des administrations tatillonnes et des règlements sans âme. J’aurais voulu leur dire en face, qu’ils restaient pour nous, une force de notre pays… Je n’en ai malheureusement pas eu le temps et je le regrette…

« Les couples les plus unis traversent des orages… »

Monsieur l‘Ambassadeur, je pense avoir suffisamment abusé de votre temps. Permettez-moi enfin, de vous présenter tous nos remerciements pour ce que vous avez fait aussi pour l’histoire de notre communauté en ce pays. L’aide que vous avez apportée à ce projet du Monument du Souvenir installé au sein de l’ambassade a été incessante et jamais remise en cause.

C’est donc grâce à vous que tous ces Français, morts pour leur pays, si loin de leur Patrie, ne seront plus oubliés.

« C’est vrai, d’autant que parfois ces noms rappellent des moments difficiles qui ont pu opposer la France et le Siam il y a bien longtemps. Mais après tout, les couples les plus unis ne traversent-ils pas quelques orages ? Et justement, ne sont-ce pas ces moments difficiles partagés, qui rendent encore plus solides les liens qui unissent nos deux Nations ?…

– Monsieur l’Ambassadeur, permettez-moi de vous offrir, au nom du Souvenir Français, cette médaille, qui gravée à votre nom, restera un gage bien modeste de notre reconnaissance.

L’arbre du Voyageur.

     Sur le perron de l’ambassade où nous nous quittions, le ciel plombé de mousson s’entrouvit, un pâle rayon de soleil éclaira brièvement le monument du Souvenir ; un léger souffle venu de la rivière, fit bruisser les palmes lancéolées de l’immense arbre du voyageur qui décore la cour ; lui aussi semblait saluer le départ de celui qui avait été le maître de la maison France pendant trois ans…

« Mais non ! pas un adieu ! Un seul mot : Au revoir ! ».

  

S.E. M. Gilles Garachon.
François Doré.

 

A NOUS LE SOUVENIR                A EUX L’IMMORTALITÉ

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